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La question « collier ou harnais » revient souvent. Elle fait même partie des sujets qui fâchent. Certains sont fans de l’un, d’autres ne jurent que par l’autre… lequel choisir ?
En monitorat, j’ai l’habitude de dire qu’à partir du moment où le collier ou le harnais sont de la bonne taille et bien ajustés pour la morphologie du chien, il n’y a pas de mauvaise façon d’habiller un chien qui ne tire pas en laisse. Il ne tire pas, donc tout va bien.
En revanche, il n’existe aucune façon idéale d’habiller un chien qui tire en laisse. Ça va forcément appuyer ou tirer quelque part. La question est : quel est le meilleur compromis, pour le chien comme pour l’humain ? Au lieu de prendre parti pour l’un ou pour l’autre, je me suis penchée sur la question en profondeur, en allant chercher diverses études. Certaines sont faites par des vétérinaires, d’autres par des éthologues. Cet article reprend aussi des considérations d’éducatrice comportementaliste, monitrice… et des constats que j’ai pu faire avec mes clients en tant que professionnelle ou en club canin.
De base, je considère que la seule vraie solution pour avoir un chien qui ne tire pas en laisse est l’éducation et qu’il est important, quel que soit le matériel utilisé, d’appliquer des techniques d’éducation positives pour apprendre au chien à ne plus tirer. C’est un point sur lequel tout le monde est généralement d’accord quand on débat sur la question.
Les outils que ce dossier ne prend pas en compte
Depuis juillet 2025, les professionnels et bénévoles du chien (éducateurs et moniteurs, entre autres), n’ont plus le droit d’utiliser ou d’enseigner de méthodes qui provoque de la peur et/ou de la douleur. Cette loi semble donc indiquer que les colliers étrangleurs et à pointes (torcatus) sont interdits. Je pense pouvoir aussi rentrer dans cette catégorie les harnais qui se resserrent sur les pattes quand le chien tire.
Sont donc exclus de cette recherche : les colliers étrangleurs, les colliers à pointes, les harnais qui se resserrent sur les pates du chien quand ils tirent.
Les harnais en T (type Julius) sont également exclus car ils ne sont pas adaptés aux mouvements des pattes avant. Je ne tiens pas copte non plus des harnais de canicross, mantrailling dont la fonction est spécifiquement de permettre au chien de tirer dans les meilleures conditions possibles.
Alors, collier ou harnais ?
Conclusion : collier ou harnais pour le chien qui tire en laisse ?
Je commence par la fin, pour vous éviter de scroller jusqu’en bas. Je rappelle qu’on s’intéresse surtout au chien qui tire, pas au chien qui marche sagement près de son propriétaire avec la laisse qui dessine un sourire dans les airs.
Après avoir recherché des articles, des études, des livres, compilé les données et avoir donné un score à différents paramètres pour tenter de comparer de façon objective, voici les résultats, du meilleur choix au pire choix.
- Harnais anti traction (Animalin, harnais Halti, harnais Easy Walk…)
- Harnais en H ou en Y avec une boucle ajoutée devant
- Licol
- Harnais classique sans boucle anti traction ou attaché derrière
- Collier
Ceci dit, d’un point de vue santé du chien, le licol pose beaucoup de problèmes notamment au niveau de la colonne vertébrale et peut causer des dommages irréparables. Il convient donc de limiter au maximum son utilisation lorsqu’un autre moyen est disponible et suffisant. Pour des chiens de moins de 25kg avec des propriétaires en bonne santé, le licol doit absolument être évité.
La grille et les scores
Pour essayer de faire ça objectivement, j’ai défini 12 critères de comparaison.
Les notes pour chaque vont de 0 à 5. Plus le score est élevé, plus l’outil est mauvais.
Les meilleurs outils sont donc ceux qui ont les scores les plus faibles.
Les scores trouvent leur justification dans les sections suivantes.
| Collier | Harnais classique | Harnais AT basique | Harnais AT | Licol | |
| Difficulté à tolérer l’outil pour le chien | 0 | 0 | 0 | 0 | 5 |
| Difficulté à choisir / ajuster | 0 | 5 | 4 | 3 | 1 |
| Posture de communication compromise du chien | 5 | 0 | 0 | 0 | 5 |
| Impossibilité d’avoir des comportements exploratoires normaux | 0 | 0 | 0 | 0 | 5 |
| Incompatibilité avec la longe | 5 | 0 | 0 | 0 | 5 |
| Risques santé pour le chien | 4 | 1 | 1 | 1 | 5 |
| Risque de chute pour l’humain | 4 | 5 | 2 | 2 | 1 |
| Risque santé pour l’humain | 3 | 5 | 2 | 1 | 0 |
| Risque de ne pas réussir à retenir le chien | 4 | 5 | 3 | 2 | 1 |
| Risque de ne pas pouvoir appliquer les méthodes d’apprentissage de marche en laisse sans tirer | 4 | 5 | 1 | 0 | 2 |
| Risque de réduction de la durée des balades | 4 | 5 | 1 | 1 | 0 |
| Risque de réactivité croissante pour le chien | 5 | 3 | 1 | 1 | 4 |
| Stress du maître | 4 | 5 | 2 | 2 | 1 |
| Détérioration de la relation | 5 | 5 | 3 | 2 | 3 |
| Total | 47 | 44 | 20 | 15 | 38 |
On constate un écart énorme entre le collier et le harnais anti-traction
Collier ou harnais, du point de vue de l’efficacité
Pour retenir un chien qui tire, voici l’ordre d’efficacité des différentes méthodes :
- Licol
- Harnais anti traction (Animalin, Halti, Easy Walk…)
- Harnais en H ou en Y avec une boucle ajoutée devant
- Collier
- Harnais classique
Tom, mon berger allemand ancien type vous attend dans le jardin pour tout tester avec lui si vous avez un doute 😉
Le pire outil est le harnais classique attaché sur le dos car il donne plus de force au chien pour tirer : c’est confortable, ça libère bien les pattes, ça n’étrangle pas…
Collier ou harnais, du point de vue médical
Santé du chien
Le collier
Une étude de 2018 s’est intéressée à l’impact du collier sur le cou du chien. https://heatstroke.dog/wp-content/uploads/2018/06/final-canine-collars-an-investigation-of-collar-type-and-the-forces-applied-to-a-simulated-neck-model.pdf Ils concluent que « Les colliers peuvent être une méthode appropriée pour afficher les étiquettes d’identité et un moyen de retenue pour les chiens qui marchent constamment en laisse lâche. Cependant, lorsque les chiens tirent sur la laisse ou que la laisse est secouée, cette étude suggère qu’il existe un risque de blessure au cou pour tous les types et styles de colliers testés, même lorsque les colliers sont rembourrés ou larges. Aucun des colliers testés ne fournit une pression considérée comme suffisamment faible pour atténuer le risque de blessure lorsque le chien tire sur la laisse. »
La liste des principales lésions constatées
D’autres études vétérinaires montrent que la pression exercée par un collier peut causer des blessures graves :
- Traumatismes trachéaux et œsophagiens : Une laisse tendue ou des coups de collier peuvent comprimer la trachée, entraînant des douleurs, une toux chronique, voire des lésions permanentes.
- Blessures cervicales : La région cervicale est sensible. Une tension répétée peut provoquer des hernies ou des douleurs chroniques chez le chien.
- Risques oculaires : Chez certaines races à yeux proéminents (comme les bouledogues ou les carlins), la pression sur le collier peut augmenter le risque de glaucome ou de prolapsus oculaire.
- Dérèglement de la thyroïde et troubles du comportement lié au déséquilibre hormonal (peur et agressivité). Dans son article sur la thyroïde, le Dr Dehasse fait un constat : le collier est la deuxième cause d’hypothyroïdie (après les problèmes génétiques). Lorsque le chien tire ou qu’on tire sur la laisse, elle se fait écraser. Cela cause une « inflammation par traumatisme local » qui peut perturber son fonctionnement. Selon des études vétérinaires, l’hypothyroïdie serait associée plus de la moitié des cas d’agression, près d’un tiers des cas d’hyperactivité (Jean Dodd et Linda Aronson). Retirer la cause de l’inflammation peut résoudre le problème si la glande n’est pas trop endommagée sinon il faudra au chien un traitement à vie avec des prises de sang de contrôle régulière.
Ces pathologies étant internes, elles sont souvent détectées tardivement quand il y a pas mal de dégâts et que des symptômes visibles sont présents.
Au-delà du fait de tirer, les propriétaires de chiens ont souvent des gestes parasites et mettent des à-coups (souvent involontaires) sur la laisse qui sont ressentis par le chien directement au niveau du cou. Ces saccades sont à la fois désagréables et néfastes pour le chien.
Le licol
Le licol, placé sur la tête du chien, permet de le diriger comme on dirige un cheval. Malheureusement, lorsqu’aucune méthode d’éducation n’est mise en place en plus de l’outil, certains chiens vont tirer avec la tête sur le côté, ou courir et être arrêtés par le licol ce qui peut avoir des conséquences désastreuses au niveau des cervicales.
D’autre part le frottement des sangles peut aussi abimer les babines et y provoquer des lésions qui peuvent s’infecter.
En licol, toute saccade, volontaire ou non donnée sur la laisse impacte directement la tête du chien, ce qui peut également causer des lésions sévères, soit par la répétition, soit en une seule fois selon la force du mouvement de bras.
Sur une laisse de 2m, si le chien utilise les 4m à sa disposition pour se mettre à courir et est stoppé net en bout de course, il risque une lésion sévère de la région cervicale (pouvant aller jusqu’à la luxation cervicale, avec paralysie voire décès).
Le harnais anti-traction (H ou Y avec boucle ou anti-traction en T)
Contrairement au harnais en T classique qui va appuyer sur les antérieures du chien et qui peut provoquer les troubles, les harnais anti-traction déportent le chien sur le côté et n’appuient pas de la même façon sur le chien. Il y a bien un appui mais mieux réparti.
« Un harnais, notamment un harnais anti-traction avec une attache frontale, répartit la pression de manière uniforme sur le corps du chien. Cela évite les tensions excessives sur le cou, protège les structures internes et permet un contrôle efficace sans douleur ni inconfort. » Source : VETERINARY MEDICINE AT ILLINOIS
Le souci peut venir de la déformation du harnais qui passe par exemple de H à K lorsque le chien tire et se trouvent mal placés par rapport aux pattes.
On constate que :
- Les harnais « classiques » auxquels on a ajouté une boucle devant se déforment souvent mal
- Les harnais en T avec une boucle devant se placent mieux lorsque le chien tire
- Les boucles d’attache plus hautes donnent de meilleurs résultats face aux déformations
Santé de l’humain
Les personnes qui ont un chien qui tire en laisse ont souvent des douleurs pendant la balade : main, épaule et dos sont les premiers membres concernés.
En ostéopathie : « On peut remarquer en consultation des conséquences physiques pour l’homme lié à la traction d’un chien. En effet, l’homme a tendance à toujours utiliser la même main pour tenir une laisse, ce qui peut entraîner sur du long terme un déséquilibre au niveau de la ceinture scapulaire (les deux épaules). Une personne ayant un chien qui tracte sur la laisse va avoir des douleurs aux niveaux des épaules et des cervicales principalement. » Claire Ober Millard, Ostéopathe.
La laisse peut également causer des blessures à la main, au poignet, et en ne faisant pas attention à où on met les pieds derrière un chien qui tire, des foulures et des entorses.
Il a également le risque de chute, qui peuvent provoquer des fractures et des traumatismes crâniens.
En 2019, une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) : Surgery mettaient en garde contre les risques de fracture liés à la promenade des chiens. Les fractures les plus fréquentes constatées sont celles du poignet, du bras, d’un doigt et de l’épaule. Les fractures de la hanche représentaient 17 % des cas. C’est très préoccupant car les taux de mortalité liés aux fractures de la hanche chez les personnes de plus de 65 ans avoisinent les 30 %.
Prévention des accidents
Un chien qui tire en laisse peut :
- S’échapper, ce qui peut être sans conséquences s’il n’y a personne ou très grave s’il y a de la circulation ou toute autre forme de danger
- Faire tomber son propriétaire, qui peut se blesser plus ou moins gravement dans la chute.
En augmentant significativement la capacité de l’humain à retenir son chien, le licol et les harnais anti-traction sont les meilleures options dans la prévention des accidents.
Une attention particulière doit être apportée aux personnes âgées et/ou physiquement plus fragiles. Des études sur les chutes chez les séniors ont montré que chaque chute augmente la probabilité d’une nouvelle chute ainsi que leur fréquence. La gravité de la chute dépend du contexte (sol, meubles, présence d’une autre personne…).
Conséquences selon la taille du chien qui tire en laisse
Pour les chiens de petite taille, en collier les blessures liées au collier sont surtout du côté du chien, l’humain pouvant facilement les retenir. Elles sont souvent découvertes quand le chien présente des symptômes au niveau de la gorge, des douleurs cervicales ou un dérèglement hormonal pour la thyroïde.
Pour les gros chiens l’humain va avoir des problèmes plus rapidement et plus le chien est gros plus le risque de chute augmente.
Cas particulier : les chiots
A cause de leur corps en construction, d’autant plus les 6 premiers mois, il est indispensable de faire attention au matériel utilisé pour éviter de les blesser physiquement et psychologiquement.
Le cou est déjà fragile pour un adulte, mais chiot c’est pire. Les muscles sont présents mais ne sont pas musclés, offrant moins de protection aux autres tissus. Un chiot qui tire avec un collier peut avoir des conséquences à vie, que ce soit en termes de vision, de trachée, de thyroïde ou même de colonne.
Pour ce qui est du licol, celui-ci appuie sur un endroit très innervé et en pleine construction entraînant ainsi de la douleur, du stress et de possible abcès près de la gueule. Les cervicales sont contraintes dans des postures inadaptées qui à cet âge peuvent rapidement avoir des conséquences.
Le harnais reste le seul habit viable au-dessous de 6 à 8 mois, mais pas n’importe lequel. Comme les adultes, le harnais en T est mauvais pour la posture, mais également pour les os en construction. Celui-ci pourrait déformer les os.
On privilégiera au quotidien un harnais en H ou Y, qui sera changé s’il se déforme, afin d’éviter d’appuyer sur des zones sensibles en termes de croissance ou d’abimer la peau. Pour ce qui est de l’anneau anti-traction sur les harnais en H ou Y, la laisse appuyant sur l’épaule, avec un mousqueton plus ou moins lourd, peut, à long terme, également abimer la structure musculo-squelettique. On évitera de s’en servir sur de longue période ou au quotidien, surtout avant 6 mois, cependant, il est tout à fait possible de s’en servir de temps en temps, sur de faibles durées (1h à 2h), pour aider à l’apprentissage de la marche en laisse.
Collier ou harnais, du point de vue émotionnel
Pour le propriétaire
Plus le chien est gros, plus le fait qu’il tire est anxiogène pour le propriétaire. Dans les émotions on va trouver :
- La peur : de ne pas pouvoir retenir le chien, de tomber, de se faire mal…
- L’agacement ou la colère
- Sensation d’impuissance
- Découragement
- Culpabilisation
- Épuisement
- Honte
- …
Ces émotions négatives au quotidien sont usantes pour le propriétaire.
L’agacement, la colère, éventuellement associés à de la douleur peuvent amener la personne à crier sur le chien, à mettre des saccades ou tirer violement sur la laisse ou à laisser partir un coup vers le chien.
La promenade du chien devient une corvée, voire une souffrance, souvent physique et mentale.
Pour le chien
Une étude a montré que le chien n’est de base pas plus stressé en harnais qu’en collier dans un environnement neutre (https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1558787816300454).
Le chien ressent le stress du propriétaire ce qui peut l’amener à être réactif dans des situations qui sont pourtant normales, simplement parce que son propriétaire est stressé.
Du point de vue des capacités cognitives
En collier lorsque le chien tire il écrase sa trachée, l’apport d’oxygène au cerveau est alors diminué. Les capacités cognitives sont alors réduites.
Une personne stressée à cause de son chien qui tire avec beaucoup de force a elle aussi des capacités cognitives diminuées.
Du point de vue de la vie du chien
Les personnes qui ont un chien qui tire ont tendance à moins promener leur chien et à réduire la durée des sorties en laisse. A terme, certains ne sortent presque plus du jardin. De ce fait, il est important de proposer des outils pour rendre la balade agréable le temps de l’apprentissage ou de la correction de la marche en laisse.
Le chien qui tire est une des principales causes directe ou indirecte d’abandon.
Cette liste semble caricaturale mais vous pouvez aller interroger des bénévoles dans les refuges : c’est une histoire qu’ils ont entendue souvent. C’est un cercle vicieux qui se met en place : le manque de sorties et d’activité fait que le chien va être plus agité à la maison, détruire, aboyer… ce qui donne moins envie de le sortir… et ainsi de suite jusqu’au point de non retour.
Collier ou harnais : du point de vue de la communication entre chiens
En collier
Dans le livre Le Chien et son langage, Observer, décrypter, communiquer, Katja Krauss et Gabi Maue consacrent un chapitre au centre de gravité du chien et à son importance dans la communication du chien. Ils ont conclu que :
- Les chiots devraient être conduits avec un harnais bien ajusté (p.243)
- Le collier pose problème parce qu’il :
- Entrave la respiration
- Modifie la posture : cou relevé, centre de gravité vers l’avant
Pour eux la traction sur la laisse « conduit souvent à ce que l’on peut qualifier d’agressivité en laisse ». (p242)
La mauvaise posture liée à la laisse est enregistrée et reproduite par le corps même sans laisse, amenant ainsi le chien à mal communiquer avec ses congénères. Cette mauvaise posture est extrêmement compliquée à corriger.
La question n’est pas de savoir si le chien tire mais de l’équiper de la façon qui lui permet le mieux d’exprimer les comportements de communication propres à son espèce.
En harnais classique
Retenu au dos, le chien a une plus grande liberté de mouvement qu’en collier pour choisir sa façon de communiquer. Il est moins redressé qu’en collier. C’est l’outil qui lui laisse les meilleures possibilités de communication.
En harnais anti-traction
Le chien est déporté vers le côté, ce qui est une façon de communiquer plus appropriée entre congénères. Le harnais lui fait mécaniquement prendre une posture proche des signaux d’apaisement. Il reste libre dans les mouvements de sa tête.
En licol
La tête du chien est déportée vers le côté, ce qui est une façon de communiquer plus appropriée entre congénères qu’une approche face à face. Le licol lui fait mécaniquement prendre une posture proche des signaux d’apaisement.
Cependant le fait de ne pas pouvoir librement tourner sa tête pour regarder les congénères et se renseigner sur son environnement peut être extrêmement anxiogène pour le chien et le rendre réactif
Risque d’accident entre congénères
Les mauvaises postures de communication prises avec le collier, avec le stress que ça peut générer aussi pour le maître, favorisent l’augmentation de la réactivité des chiens.
Conséquences comportementales
Si le chien en collier ne peut pas communiquer correctement, les réactions des congénères à son encontre risquent de ne pas être positives. La succession de « mauvaises rencontres » peut rendre le chien réactif.
La douleur va aussi impacter la façon dont le chien perçoit les autres chiens. Si quand un chien approche, le mien ressent une douleur, il peut l’associer au congénère et pas au fait qu’il tire en laisse. L’approche de l’autre chien sera alors perçue comme douloureuse et mon chien pourra émettre des signaux pour maintenir l’autre à distance : aboiements, grognements. Il aura des comportements de « chien réactif »
Le stress du propriétaire va également avoir un impact négatif sur les rencontres. Plus l’humain est stressé, plus le chien stresse et moins les rencontres ont des chances de bien se passer.
On risque alors de tomber dans un cercle vicieux qui va emmener le binôme vers une réactivité de plus en plus marquée.
Colier ou harnais, du point de vue pédagogique
Les personnes stressées, comme les chiens, n’apprennent rien. Aussi une personne en cours qui est préoccupée par le fait de réussir à retenir son chien ou pas a une capacité d’apprentissage réduite voire nulle. Et en plus elle risque de stresser son chien.
Le harnais permet de travailler la marche en laisse avec des arrêts sans que l’arrêt ne soit trop désagréable pour le chien. Il permet aussi aux gens de réussir à marquer proprement l’arrêt, facilitant ains la compréhension du chien.
Si les propriétaires optent pour le harnais en dehors des cours, il est important de voir avec eux comment bien choisir et utiliser l’outil lors des cours.
Le conditionnement opérant
Si un comportement est renforcé alors il va persister et augmenter en intensité et en puissance.
Si un comportement cesse d’etre renforcé, il peut d’abord augmenter (moi qui appuie 4 fois sur le bouton de l’ascenseur) puis il s’éteint
La récompense aléatoire est celle qui renforce le plus les comportements.
Pour faire disparaitre le fait que le chien tire, il est essentiel que le chien n’obtienne plus ce qu’il veut en tirant, d’où la méthode « il tire, on s’arrête » qui doit être appliquée de façon systématique (ça ne règle pas tout mais le chien ne doit pas se récompenser lui-même)
- Si les propriétaires ne peuvent pas marquer correctement l’arrêt avec le chien parce qu’ils n’ont pas assez de force pour le faire proprement, les exercices de marche en laisse sont inefficaces
- Si de temps en temps le chien réussit à obtenir ce qu’il veut en tirant il renforce le comportement de tirer
Expérimentation en club (dans l’Ain)
Au delà de juste se poser la question collier ou harnais, dans un club, on a expérimenté. Lors du cours, on prêtait des harnais anti-traction aux maîtres qui arrivent en volant derrière leur chien
Pour le maître
- Le rassure sur sa capacité à retenir son chien
- Diminue les efforts pour le tenir
- Diminue le stress
Pour le chien
- Ne s’étrangle plus
- N’a plus mal
- Est moins stressé
Effets observés sur le terrain
- Les maîtres sont plus détendus, les chiens aussi
- Les maîtres sont plus attentifs et exécutent mieux les consignes
- Le nombre de chiens réactifs est en baisse
- Les chiens sortent de l’école des chiots en ayant une bonne marche en laisse, avec ou sans le harnais anti-traction
Les adhérents ont fait eux mêmes le choix collier ou harnais. Souvent, la semaine suivante, le chien était équipé du harnais qu’ils avaient essayé et ils en étaient ravis. Ils repassaient au collier par la suite, une fois l’apprentissage (et souvent l’adolescence) terminé.
Collier ou harnais : au niveau du choix du matériel
Il est plus compliqué de bien choisir un harnais qu’un collier.
Le nombre de modèles anti-traction étant limité, il est plus facile de se repérer.
Dans les deux cas il faut bien mesurer le chien et vérifier en essayant que ça tombe bien au niveau du cou et des pattes.
Le choix d’un licol est simple, il faut juste faire attention à la taille.
Au niveau de l’acceptation par le chien
Le moins bien toléré est le licol. Bon nombre de chiens tentent de s’en défaire et sont tellement focalisés sur le fait de s’en débarrasser qu’il est impossible de les travailler. Il faut passer par une phase d’apprentissage dès le début de l’utilisation de l’outil.
Harnais et collier sont bien tolérés.
Au niveau de la compatibilité avec la longe
La longe n’est pas le bon matériel pour travailler la marche sans tirer, cependant elle permet de donner plus de liberté à des chiens qu’on ne peut pas lâcher.
Ni le collier ni le licol ne sont compatibles avec la longe. L’usage de la longe en association avec un collier ou un licol va démultiplier l’impact sur les cervicales du chien : un chien qui a déjà pris de l’élan et qui se retrouve stoppé net en étant attaché par son collier ou son licol risque un coup du lapin potentiellement mortel. La distance n’a pas besoin d’être très grande (5m de longe donnent déjà 10m d’amplitude de mouvement).
Pour les harnais anti-traction, il vaut mieux les attacher sur le dos quand on passe en longe. En effet, en étant attaché à l’avant, un arrêt net peut faire faire un demi-tour brutal qui peut avoir des conséquences sévères. Si le harnais anti traction est en T, il faudra éviter les tensions sur la longe.
Les harnais en H ou Y sont les plus adaptés pour un usage avec la longe.
Aucun équipement n’est adapté pour un arrêt net d’un chien lancé sur toute la longueur d’une longe de plus de 5m. Même si les harnais en H ou en Y seront les plus « confortables » dans ce genre de situation, un arrêt net en pleine course peut toujours causer des dégats.
En balade, on fera particulièrement attention aux longes qui trainent au sol, qui peuvent se coincer dans une branche ou autre et provoquer un arrêt net du chien.
Collier ou harnais : Arguments spécifiques aux clubs canins
Responsabilité en cas d’accident
En cas de blessure pour le chien et/ou son propriétaire, la question de la responsabilité se pose.
La responsabilité de l’éducateur, du moniteur, du club, peut-elle être engagée si on considère que des moyens pour éviter la chute existaient et n’ont pas été mis en œuvre ?
Le harnais anti traction est plus efficace pour retenir un chien que le collier plat, surtout en hiver quand les terrains sont boueux et glissants.
Le reste de la semaine, ils sont en harnais
Certains adhérents ne mettent le collier que pour le club, parce que c’est le dresscode local. Cependant le reste de la semaine, ils sont en harnais. Cependant c’est un outil qu’ils n’utilisent pas toujours correctement. Le mieux serait de leur montrer en cours comment bien faire : la laisse du bon coté, les bons gestes, les arrêtes au bon moment…
De mauvais achats si on ne les conseille pas
Les animaleries ne proposent pas forcément les meilleurs produits. Parfois les vendeurs sont bons pour refourguer ce qu’ils ont en stock ou les produits qui font le plus de marge. Conseiller des harnais spécifiques permet d’éviter de mauvais achats et des chiens mal équipés.
La marche en laisse est une des principales causes d’abandon
Autant mettre le maximum de chances de notre côté pour réussir cet apprentissage
Travail en harnais pour certains exercices
Selon le modèle, le harnais peut être plus facile à attraper après un rappel notamment sur les chiens à poils longs et permet de rattacher de façon plus agréable pour le chien.
Le harnais permet aussi de travailler en longe : pour apprendre à gérer une longe, pour sécuriser le rappel…
Rappel : l’arrêt brutal d’un chien qui coure sur un collier provoque les mêmes séquelles que si on attachait un chien au cou en voiture et qu’on pilait.
A trop d’exceptions, plus de règle
La tentation est parfois de permettre à certains adhérents de venir en harnais et pas d’autres. Mais ça se complique quand il y a plusieurs adhérents qui font exception à la règle générale.
Si Didier a droit au harnais anti-traction avec son gros chien du fait de son âge, que Jessica l’a car son chien est trop souvent sur deux pattes, est-ce que Christine doit attendre l’âge de la retraite pour ne plus se déboiter l’épaule ?
A mon sens, et après ce long article, je me dis que le collier c’est plutôt la récompense. Ton chien ne tire plus, tu as une belle marche en laisse ? bravo ! tu peux habiller ton chien en collier 🙂
D’autres clubs ont de bons résultats
Grâce à l’aide de harnais anti-traction l’apprentissage de la marche en laisse est accéléré, les adhérents peuvent s’intéresser à d’autres apprentissages.
Validation du propos par le GT Education et le Dr Alexandre Balzer
Lors du weekend de sélection des nouveaux formateurs de moniteurs pour la CNEAC, j’ai parlé des harnais. Mon exposé avait pour tire « Impact de la douleur et de l’inconfort sur l’éducation ». Son contenu a été validé par le Groupe de Travail Education et le Dr Balzer, ainsi que par les formateurs présents ce jour-là. Ce powerpoint concluait que le harnais était un outil qui permettait de remettre du confort dans la pratique et l’apprentissage de la marche en laisse.
Collier ou harnais, qu’en dit l’Intelligence artificielle ?
J’ai posé la question à Copilot, l’IA de Microsoft. Lorsqu’on n’a pas de mal à retenir le chien, l’IA va sans hésitation vers un harnais en H ou en Y confortable pour le chien. J’ai rajouté la difficulté à le tenir pour tenir compte du confort du propriétaire pour les chiens de plus de 25kg.
🐾 Quel est le meilleur équipement quand un chien tire en laisse et qu’on a parfois du mal à le retenir ?
Quand un chien tire fort en laisse, surtout s’il pèse 25, 30 kg ou plus, cela peut transformer chaque promenade en épreuve de force. Le bon équipement ne fait pas tout, mais il peut changer la donne en apportant sécurité, confort et contrôle, tout en respectant le chien.
🎯 L’objectif : garder le contrôle sans douleur, tout en favorisant l’apprentissage de la marche en laisse détendue.
✅ L’équipement recommandé
1. Un harnais anti-traction bien conçu
- Attache frontale (au niveau du poitrail) pour rediriger le chien vers le conducteur lorsqu’il tire.
- Forme en Y ou en H, qui respecte la liberté de mouvement des épaules.
- Exemples de bons modèles : Balance Harness, Perfect Fit, Ruffwear Front Range, Haquihana.
2. Une laisse double attache
- Une extrémité sur le poitrail, l’autre sur le dos.
- Permet de guider le chien en douceur, sans à-coups, et de répartir les forces.
- Offre plus de contrôle sans recourir à la force.
3. Un harnais bien ajusté
- Trop lâche : il tourne ou frotte.
- Trop serré : il gêne la respiration ou le mouvement.
- Un bon ajustement est essentiel pour l’efficacité et le confort.
🚫 À éviter
- Colliers plats : pression sur la trachée, inconfort, et souvent inefficaces.
- Colliers coercitifs (étrangleurs, à pointes, électriques) : douloureux, contre-productifs, et incompatibles avec une éducation respectueuse.
- Harnais de type Julius K9 : rigides, bloquent les épaules, favorisent la traction.
🧠 Et l’éducation dans tout ça ?
L’équipement est un outil, pas une solution magique. Il doit être accompagné :
- d’un travail progressif sur la marche en laisse,
- de renforcements positifs (friandises, voix, jeux),
- d’une gestion de l’environnement (distance aux distractions, pauses, rythme adapté).
💬 En résumé :
Le meilleur équipement pour un chien qui tire, c’est un harnais anti-traction bien conçu, combiné à une laisse double attache, le tout intégré dans une démarche d’éducation positive. On ne cherche pas à bloquer le chien, mais à lui apprendre à marcher avec nous.
Conclusion
Je crois que l’IA a trouvé une très bonne conclusion à ce long article.
Pour ce dossier « Collier ou harnais ? » j’ai essayé d’être la plus objective possible. Les conclusions vont sans hésitation en faveur du harnais, de préférence anti traction lorsque le chien a plus de force que ce que son propriétaire ne peut supporter au quotidien.
Une fois équipé, la route n’est pas finie : il faut maintenant profiter de l’efficacité de l’accessoire pour apprendre au chien à marcher en laisse sans tirer quelle que soit la façon dont il est habillé.
